Il était une fois, il n’y a pas si longtemps
Ton départ a suspendu inexorablement le temps
J’entends les mots mais je ne les comprends pas
J’entends des pleurs et des cris tout autour de moi
Je n’arrive pas à les relier à ton absence, ton prénom
Quel est ce silence qui inonde mon émotion ?
Je me trouve face à un néant sans mesure aucune
Comme en suspension dans une nuit noire sans lune
Aimer se souvenir devient peut être plus fort
Apprendre avec l’absence me demande des efforts
Moi, je veux crier, hurler ma rage et ma détresse
Je ne veux pas des « c’est comme ça » plein d’allégresse
Et puis je t’en veux… à t’en arracher les cheveux
Et je m’en veux… d’oublier parfois d’humidifier mes yeux
J’oscille entre deux mondes étranges et inconnus
Quel avenir ? Quel présent ? Quand le passé est à nu
J’apprends à apprivoiser ces moments nouveaux
Je plonge parfois dans les méandres sombres des flots
Pour resurgir un peu plus loin encore vacillant(e)
J’apprends à me re-découvrir au fil du temps
La lueur du soir me semble plus douce parfois
Et mes pensées rédigent un « Il était une fois »
Avec une autre couleur, un autre son, une autre odeur,
Une page nouvelle se dessine à côté d’un malheur,
La nouveauté est effrayante lorsque l’on a peur d’oublier
Je la refuse, je me débats sans vouloir abdiquer
Les jours se succèdent aux nuits et ainsi de suite
J’avance sans savoir comment je ne prends plus la fuite
Puis je respire doucement, mon regard se modifie
Il me semble que je caresse différemment la vie
Je garde l’espoir d’un nouveau jour meilleur
Je crois comprendre la nuance d’un ailleurs
Je transforme l’impossible en un champ des pensables
Où le hasard reprend sa place à côté du raisonnable
pour m’ouvrir peu à peu un tout nouveau chemin
inconnu, incertain, imprévisible même… celui de mon destin
Caroline Foucher – conférence « Vivre Son Deuil » – 17 septembre 2019